DELIVRANCE : 1 - LES CONTREMARCHES
DE L'ESPOIR
Dans les contramrches de l'espoir, il me semble voir
Le reflet de mes yeux ensanglantés.
Mes larmes crient la douleur sifflante de l'enfer,
Dont les flammes attisent mes pieds invisibles.
Sous mes pas, le bois prend vie.
Il veut parler . . . quelquechose d'important.
Bloqué dans son effort, il glisse sous moi,
Puis me soulève, me basculant dangereusement.
Des sons se paralysent dans les fibres vieillies.
Encore anesthésié, l'esprit du bois veut m'avertir.
Un concert de fins craquements vient à moi
En une harmonie presque compréhensible.
Je distingue en moi les vibrations d'une plainte collective:
"Pas de fin, il faut . . . attention, faire attention."
Le bruit sourd d'un gong assoma ma mémoire,
Et les souvenirs d'une vie fragile
Se retournèrent dans mon esprit endormi.
Les terreurs d'un autre monde revinrent en moi.
Un monde . . . rêvé dans un corps
Dont je retrouve les débris des derniers instants.
Souffrance et joie intenses,
Accident inattendu où les cris et les crissements
Ecorchent ma mémoire.
Des hurlements et des pleurs familiers
Entourent un amas de chair que je ne comprend pas.
Dans le lointain raisonnent les échos d'une langue étrangère:
"Comment cela est-il arrivé? Il ne s'en sortira pas."
DELIVRANCE : 2 - LES BRAS DE L'ENFANT
J'essaie de me rappeler.
Assis à côté de l'escalier infernal,
Un enfant lève le bras pour brouiller toute mémoire.
De sa main, il montre le pouvoir.
Sans rien dire . . .
Vers un monde de paix
Il aimante mes pensées.
Empli de silence
Le bien être d'un bercement léger
M'attire irresistiblement vers les marches supérieures.
En désiquilibre sur les marches mouvantes,
Une puissance invincible me redressa
Et poignarda le crapaud de la haine enchainée.
Confondu dans la délivrance,
Je vis apparaître des bras en croix protecteurs.
Semblables à l'enfant,
Ils m'ouvrirent el chemin menant à la béatitude éternelle.
Hugues DELBERGUE
Miami, 7 juillet 1982
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